Pourquoi est-ce toujours la tristesse ou la douleur qui me donne l'inspiration et me pousse à écrire ?

Paris. Paris, de la merde, avec son ciel gris et pollué, avec ses immeubles pourris et délavés, ses banlieues tristes et désertes. Paris n'est plus la chatoyante ville d'antan. Paris est en déclin. Paris est déjà mort pour moi.

Je veux un jardin, plein de fleurs et qui sente bon l'herbe coupée et la rosée du matin. Je veux revoir ma famille, plus souvent, comme autrefois, où nous riions tous ensemble. Je veux écrire un livre, où je pourrait "Le" faire vivre, et qu'il échappe, lui au moins, à l'oubli. Je veux que mon chat, qui seul a le privilège de voir couler mes larmes, vive longtemps encore. Je veux vivre uniquement des rayons du soleil, de l'iode de la mer, des cris des mouettes, du chant des cigales, de l'odeur des feuilles de tilleul arrachées. Je veux tordre le cou à l'angoisse qui pourrit les derniers moments d'enfance et de jeunesse, qui teinte l'avenir de noir et d'incertitude et fait pleurer de désespoir les jeunes filles en fleurs, abandonnant derrière elles leur insouciance des jours heureux et leur enfance tant chérie.

Le temps, impitoyable et cruel, emporte tout, larmes amères, joies sucrées, souvenirs fânés, et laisse seule la terre stérile et sèche.

Qui peut comprendre et partager ma tristesse ? Qui peut déceler ma douleur derrière un soupir et un regard absent ? Personne hélas, pas même ma mère, qui me semblait jadis si forte et séchait aussitôt mes larmes et essuyait mes chagrins d'enfant. Aujourd'hui, elle ignore complètement mes tourments. Je les cache trop bien pour elle.

Pourquoi est-ce si dur de trouver l'amour, de le repérer derrière les illusions ? Comment être sûr que nos sentiments ne sont pas artificiels ? Comment être sûr qu'on ne regrettera rien ? Comment être sûr qu'on ne souffrira pas ?

Pourquoi notre avenir se joue-t-il à 18 ans seulement ? Quelle cruauté de demander à un adolescent de 18 ans de prendre la décision la plus importante de sa vie : ce qu'il veut faire comme métier ! S'est-on seulement demandé s'il était prêt ? S'il avait une petite idée de ce qu'il voulait faire ? Non mon cher, c'est maintenant, tout de suite qu'il doit se décider sinon tant pis pour lui, il ne sera rien, il finira mangé, écrabrouillé par la societé. La seule issue est de le précipiter dans une université, une fac, n'importe laquelle, la mieux, les parents se chargeront de payer, du moment qu'il fasse quelque chose. 

C'est ainsi que beaucoup de tristes destins qui auraient pu être déviés se tracent inéluctablement, et que des embryons de rêves s'éteignent comme des étoiles dans le ciel, avant même d'avoir vu le jour.   

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Comments

[Helma]

C'est hélas toujours quand on se sent mal que les mots sont plus faciles à exprimer, à faire sortir de soit. A 18 ans, on est jeune et on nous demande déjà beaucoup : voter, conduire : agir comme un adulte. Alors que souvent on a envie de n'être qu'un enfant. J'espère que ton coeur s'apaisera.